Valentine Petry
Journaliste beauté
Journaliste spécialisée en beauté depuis plus de 15 ans, Valentine Petry pose un regard affûté sur l’évolution du secteur : rapport à l’âge, au genre, transformation des diktats, montée en puissance des engagements éthiques… Une conversation passionnante qui interroge en profondeur notre lien à la beauté et la wellness.
Est-ce que tu peux nous raconter ton parcours ?
Je suis journaliste beauté et cosmétiques depuis une quinzaine d’années. J’ai collaboré avec L’Express Style, ELLE, Harper’s Bazaar, Psychologies Magazine, entre autres. En 2023, j’ai publié mon premier livre : MAKE UP, le maquillage mis à nu.
Quel est ton rapport au bien-être et à la beauté ? Pourquoi avoir choisi ce secteur ?
Par pur hasard, en réalité ! Quand je travaillais pour le site de L’Express Style, ma cheffe, Anne-Laure Pham, a voulu répartir les rubriques. Avant même d’y réfléchir, j’ai dit que la beauté m’intéressait. C’est étonnant puisque je n’ai jamais été passionnée de maquillage. Impossible pour moi, par exemple, de faire une vidéo de 10 minutes sur une palette de fards à paupières, contrairement aux expertes beauté sur les réseaux sociaux. Avec le recul, je réalise que ce qui me fascine, c’est pourquoi on transforme nos corps. Chaque geste : un trait d'eyeliner, une épilation… raconte une histoire. Je veux comprendre ces récits : qui les écrit, à quoi ils répondent. Le sujet du genre m'intéressait énormément pendant mes études, il y a donc une forme de continuité. Aujourd’hui, j’ai la chance d’exercer à un moment où la beauté trouve enfin sa place dans le champ culturel, à l’instar de la mode. Elle n’est plus considérée uniquement comme superficielle. Ce qui m’anime également dans la beauté, ce sont les enjeux d’inclusivité, d’écologie, et de consommation. J’ai commencé à une époque où les indie brands ont bousculé les récits dominants dans les médias. La clean beauty a profondément changé notre manière de parler de beauté. C’est un secteur en pleine mutation et c’est passionnant.
Comment définirais-tu la beauté naturelle ?
C’est un concept à manier avec prudence. D’abord, c’est une invention. Est-ce qu’on laisse vraiment aux femmes la possibilité d’être "naturelles" ? J’en doute. Une femme perçue comme naturellement belle est en réalité souvent bien plus apprêtée qu’un homme. Et puis c’est un qualificatif toujours utilisé de manière flatteuse, pour désigner une femme qui accepte de vieillir, de montrer ses "défauts". Mais dire qu’une beauté naturelle serait "meilleure" ou plus "morale" qu’une beauté transformée, c’est dangereux. Il ne faut pas remplacer un diktat par une autre. L’enjeu, selon moi, c’est de faire de son corps et de son visage un espace de liberté, pas de contraintes.
Dans ton livre MAKE UP, le maquillage mis à nu, tu évoques les injonctions contradictoires. Peux-tu nous en dire plus ?
En écrivant ce livre, j’ai réalisé que le maquillage est un outil puissant d’expression identitaire. Mais il existe une tension permanente entre la volonté de se réapproprier son corps et la soumission implicite aux attentes de la société. À chaque fois qu’on parle maquillage avec des femmes, on ouvre des discussions profondes sur le rapport au corps, à l’âge, à la transmission familiale. Le maquillage devient alors un révélateur. Il permet d’explorer comment on se pense soi-même, mais aussi comment la société pense les femmes. Encore une fois, on revient aux histoires qu’on se raconte et qu’on nous raconte.
Quelles sont les tendances du moment ?
Le collagène. Il y a eu de vrais progrès en matière de goût et de qualité. Mais il reste des questions sur son efficacité réelle : à quelle dose le prendre, pendant combien de temps, à partir de quel âge ? Je ne pense pas forcément que ce soit adapté à tout le monde. Et puis, au-delà de l’efficacité, se pose une question éthique : consommer de la peau de poisson pour avoir une plus belle peau, est-ce vraiment la réponse aux enjeux de notre époque ? Je ne suis pas sûre.
Les molécules en intraveineuse. J’ai testé le NAD+ surnommé "la molécule de la longévité". On entre dans une ère du "toujours plus" : plus de performance, plus de contrôle sur son corps. Le bien-être devient un terrain d’optimisation. Pour l’instant, ces traitements restent réservés à une élite mais je me demande quelle place on accordera à la vieillesse demain.
Et paradoxalement, on assiste aussi à un retour des pratiques douces : somatiques, massages des fascias, etc. Moins axées sur l’efficacité immédiate, elles s’inscrivent dans le temps long, dans une dimension plus émotionnelle. C’est intéressant de revenir à un rapport au corps plus doux.
Qu’as-tu pensé d’ILSE ?
J’ai aimé le retour à l’essentiel que propose ILSE. C’est à la fois rare et précieux. Les formules sont simples, transparentes (ce qui n’est pas toujours le cas dans les compléments alimentaires) et les plantes utilisées sont parfois méconnues, voire mal considérées. Le circuit court est un vrai plus. A mon avis, c’est la clé d’un produit intéressant et moderne : avoir des formules simples et qui polluent le moins possible. C’est une définition du luxe de demain.